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Les pigeonniers

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Pigeonnier de type Tour-carrée. Montastruc

Une source d’engrais

Les 6000 pigeonniers du Lot-et-Garonne nous rappellent la rareté des fumures dans un pays sans bétail qui obligeait à s’ingénier pour trouver les engrais nécessaires. Si les pigeons servaient très peu à l’alimentation du paysan, le pigeonnier abritait une richesse : la fiente de pigeon, engrais des plus précieux. Certaines cultures riches n’étaient possibles que grâce à cette colombine : le chanvre, le tabac. Elle pouvait même apparaître dans les contrats de mariage comme élément de dot.

Des emplacements stratégiques

Cependant l’abondance des pigeons n’allait pas sans inconvénients ; ils causaient dans les blés et maïs de véritables déprédations. Pour s’en protéger, les cultivateurs cherchaient à éloigner les pigeonniers de leurs propres champs ; ils les construisaient souvent loin des maisons sur la bordure de leur domaine pour que les pigeons aillent chercher leur pâture chez le voisin. Il arrivait que celui-ci ripostait en élevant à son tour un pigeonnier vis-à-vis, on se battait ainsi à coup de pigeonniers. Une telle abondance allait à l’encontre des usages de l’ancienne France qui faisait du droit de colombage un privilège seigneurial, réservé à la noblesse ; mais depuis un temps immémorial, la Moyenne Garonne n’était pas soumise à cette règle, sans doute parce que depuis longtemps la culture réclamait comme indispensable le concours du fumier de pigeon. Néanmoins, on ne pouvait avoir de pigeonnier que si l’on possédait une certaine étendue de terre ; les pigeonniers étaient donc devenus la marque d’une aisance, aussi mettait-on une vanité à posséder un beau pigeonnier.

Le pigeonnier devient un élément d’ornement

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Les tourelles entourant le corps de ferme donne une allure de manoir à l’ensemble. Cet effet se retrouve aujourd’hui dans nombre de constructions neuves pastichant cette architecture avec un faux pigeonnier. Pigeonniers en tourelles. Calignac

Aujourd’hui, le rôle du pigeon est à peu près supprimé ; on ne construit plus de pigeonniers ; beaucoup tombent en ruine. Les engrais chimiques sont venus remplacer la colombine ; l’augmentation du bétail a multiplié les fumiers et, depuis la disparition de la culture du chanvre, les pigeons ne sont plus protégés, on les a même pourchassés. Aujourd’hui, les pigeonniers ne sont plus que des bâtiments fossiles, conservés et entretenus souvent comme élément de patrimoine ou comme simple ornement de la maison.

Une diversité de formes et d’architectures

Le pigeonnier est souvent l’édifice le plus ornemental des bâtiments de l’exploitation agricole. Ce phénomène témoigne de l’importance de sa fonction primordiale dans l’économie rurale jusqu’au XIXe siècle.

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Les huit types de colombiers de Lot-et-Garonne
Source : Dictionnaire des pigeonniers du Lot-et-Garonne de Patrick Garcia

L’une des formes les plus répandues de pigeonniers est celle d’une tour carrée ou hexagonale, bâtie de plain-pied, voire sur arcades. Elle est généralement coiffée d’une ou deux quilles de terre cuite, symbolisant fécondité et prospérité.
Les pigeonniers sur piliers et colonnes, de plan carré, parfois hexagonal ou orthogonal, sont également nombreux en Lot-et-Garonne. La caisse de volière, constituée par une charpente en colombage dont le remplissage est fait de torchis, repose sur quatre à neuf colonnes en pierre (leur nombre reflétant la richesse du commanditaire). La toiture à quatre pans, dotée d’une ou deux lucarnes, est recouverte de tuiles plates.
Il existe également des pigeonniers cylindriques édifiés en plein champ, une forme assez ancienne. Le volume intérieur, du sol au plafond, y est dévolu aux pigeons. La toiture, conique ou hexagonale, peut être surmontée d’un lanterneau.

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Pigeonnier de type « pieds-de-mulet » ou de type toulousain. Astaffort
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Pigeonnier sur colonnes. Reaup

Quant aux« pieds-de-mulet » ou de type toulousain, fréquents dans la vallée de la Garonne, ils ont pour caractéristique essentielle de disposer d’un double toit et d’être accolés à la maison d’habitation.
Quelques éléments caractéristiques du pigeonnier :
- le capel : sorte de chapiteau renversé qui vient couronner les pigeonniers sur pilotis
- la randière qui cerne le pigeonnier permettant d’empêcher l’ascension d’animaux prédateurs
- la lucarne et le lanterneau construits sur le toit, qui permettent l’entrée des pigeons
- les trous d’envol présentant un rôle identique mais empêchant l’accès du pigeonnier à des oiseaux plus gros.
- le boulin qui constitue l’unité d’habitation d’un couple de pigeon
- l’échelle tournante construite au centre du pigeonnier et qui permet l’accès aux différents nids.

Sources : Dictionnaire des pigeonniers du Lot-et-Garonne de Patrick Garcia ; La Moyenne Garonne (Agenais-Bas-Quercy), Pierre Deffontaines ; le Festin, le Lot-et-Garonne en 101 monuments ; Paysages de Lot-et-Garonne CAUE 47