Contenu
Le Canal latéral à la Garonne
Le canal en quelques chiffres
Le Canal latéral à la Garonne, dit aussi Canal de Garonne, traverse le Lot-et-Garonne sur 87 km. A Agen, il enjambe la Garonne sur le fameux pont canal long de 540 mètres et possédant 23 arches. 16 écluses et maisons éclusières jalonnent son passage dans le département.
Un axe dans le paysage
Le canal forme un trait rigoureux dans la vallée de la Garonne. Il alterne des ambiances intimes et humides à l’ombre de ses majestueux alignements de platanes avec de larges ouvertures sur les coteaux ou les fonds du val de Garonne. Il ouvre de longues perspectives mettant en valeur la rigueur technique de son tracé et un vocabulaire spécifique : berges, écluses, port, pont, chemin de halage. Ce canal côtoie aussi bien l’urbanisation que les étendues agricoles, voir la Garonne. Cette longue voie d’eau est un formidable moyen de découvrir les paysages à bords d’un bateau ou depuis la voie verte le longe. Cette eau maitrisée et bien visible donne au paysage de la vallée un atout incontournable.
Une continuité entre Bordeaux et Toulouse, en connexion avec le canal du Midi
Le canal de Garonne traverse d’est en ouest une partie du sud-ouest de la France. Long de 193 km, il est relié en amont au canal du Midi à Toulouse, longe dans un premier temps la rive droite de la Garonne qu’il franchit à Agen par le pont-canal d’Agen, puis longe la rive gauche et débouche dans la Garonne à Castets-en-Dorthe (Gironde), à 54 km au sud-est de Bordeaux, endroit où le fleuve est navigable grâce à l’effet de la marée.
- Carte du canal des deux mers
- Source : http://voyagesenduo.com/france/languedoc-roussillon/canal_du_midi
Sur le département du Lot-et-Garonne, le canal possède une liaison avec la Baïse et est alimenté par la rigole de Laboulbène à Agen (souterraine).
Le Canal latéral à la Garonne est l’indispensable prolongement du canal du Midi qui relie Toulouse à la Méditerranée. L’ensemble forme le canal des deux mers entre la mer Méditerranée et l’océan Atlantique. Avant que le canal dit « des deux mers » ne soit construit, la liaison entre « les deux mers » nécessitait de naviguer le long des côtes espagnoles, en passant par le détroit de Gibraltar. Ce périple, long de plus de trois mille kilomètres, obligeait les navigateurs à braver les tempêtes et les attaques barbaresques.
La genèse du canal
La navigation sur la Garonne était trop souvent source de dangers pour les bateaux et les équipages. Le fleuve connaît trop souvent des périodes de crues ou d’étiage (basses eaux) qui freinent le commerce. Entre 1614 et 1662, sous l’impulsion de Louis XIII et Louis XIV, cinq projets voient le jour mais aucun ne résout le problème d’approvisionnement en eau du canal. C’est en 1662, que Pierre-Paul Riquet cherche à amener l’eau à l’endroit culminant de ce qui sera le canal du Midi (entre Toulouse et Sète), en un point de partage, au seuil de Naurouze, afin qu’elle s’écoule de part et d’autre, vers la Méditerranée et vers l’Atlantique. Sa connaissance de la Montagne Noire et de ses cours d’eau l’amène à imaginer un système d’alimentation basé sur le détournement de l’eau par le captage de plusieurs ruisseaux et rivières.
Une vaste campagne d’opinion en faveur d’un canal latéral, projet inattendu, présenté en 1831 par la Compagnie Magendie. Les propriétaires riverains se montrèrent tout de suite favorables à cette idée qui tendait à les décharger de la lourde servitude du chemin de tire.
Le projet était présenté sous un aspect grandiose, il ne s’agissait rien moins que de « remplacer Gibraltar et détourner par la nouvelle voie fluviale tout le commerce du Levant ».
La réalisation du canal
C’est en 1828 qu’une ordonnance prescrit l’étude des travaux à entreprendre. L’étude est achevée en 1830. La France est dans sa révolution industrielle et il est vital pour son développement de créer des axes de communication pour la circulation des matières premières. C’est l’objet des lois du « plan Becquey » de 1821-1822. Cependant, ce n’est qu’en 1832 que l’État accorde la concession perpétuelle à la société privée Magendie-Sion. La loi instaurant la construction du Canal Latéral à la Garonne prévoit l’approvisionnement par les eaux de la Garonne transitées par le Canal de Brienne.
La construction débute en 1838 avec un budget de quarante millions de francs. Les travaux commencent en plusieurs points simultanément et des milliers d’ouvriers vont construire les quelques 193 km de voie fluviale, réalisant des ouvrages remarquables comme le fameux pont-canal d’Agen.
En 1844, le tronçon Toulouse - Montech - Montauban (par le canal de Montech) est ouvert. Le canal est ouvert à la navigation en amont de Buzet-sur-Baïse en juin 1853 et achevé en mai 1856.
Une voie de commerce
Par le canal des Deux-Mers et la Garonne (ou canal du Midi), artère vitale du transport des marchandises et des hommes, l’Agenais écoula vers la Méditerranée et l’Atlantique ses productions agricoles : le froment des riches terres à blé, les prunes greffées des environs de Clairac et d’Agen, le tabac, acclimaté depuis peu à Clairac et à Tonneins. Il expédiait également vers Bordeaux et le Languedoc ses produits manufacturés : toiles à voiles tissées dans la manufacture royale d’Agen, toiles peintes (indiennes) de même confectionnés à Agen, cordages du Tonneinquais.
Le déclin de la navigation
Au cours des travaux de la fin du canal, l’engouement se porta sur les chemins de fer et on parla même d’utiliser les terrassements du canal pour y poser des rail ; on vit naître un projet mixte où le chemin de fer servirait de Toulouse à Moissac ou même à Agen, puis serait relayé par un canal dans la zone de moindre pente.
L’année de la fin des travaux du canal (1856), était ouverte la ligne ferrée de Toulouse à Bordeaux, fâcheuse coïncidence qui mettait, dès le début, en concurrence le chemin de fer et le canal. La gare d’Agen accueillit ses premiers convois en 1857. A ses débuts, le train n’était pas compétitif avec le transport fluvial. Mais par la suite entre 1850 et 1893, le fret avait diminué des deux tiers sur le canal.
Cependant, jusque dans les années 1970, la vocation du Canal Latéral à la Garonne était essentiellement économique et concernait le transport de marchandises en particulier. En 1989, la dernière péniche de marchandises du Canal du Midi livra sa cargaison de vin de l’Aude à Bordeaux. La même année, l’Etat annonça l’abandon définitif du programme de modernisation. Sur le Canal Latéral, quelques bateliers continuèrent le transport de céréales entre Agen et Bordeaux. Mais la concurrence de l’autoroute acheva de miner l’activité fluviale. Le dernier voyage commercial s’est effectué en 2000.
Vers une utilisation touristique à partir des années 1970
C’est au cours de ces années-là, donc très tardivement, que le canal est mis au gabarit Freycinet, alors que l’on projette de faire de même pour le canal du Midi, pour faire face au déclin croissant du trafic commercial sur l’ensemble des deux canaux. Mais c’est le tourisme fluvial qui voit alors le jour, qui permet de sauver la liaison des deux mers.
Celui-ci se développe énormément à partir des années 1970, les bateaux amenant les visiteurs à la rencontre d’un cadre naturel et historique exceptionnel. Le classement, en 1996, du canal du Midi à l’inventaire de l’Unesco accroîtra encore cette tendance, et son voisin latéral à la Garonne en bénéficiera. En 2007 la création de la voie verte le long du canal de Garonne, longue de 87 Km, a contribué à renforcer le rôle du canal comme artère touristique et de loisir.
Le canal et ses arbres
Le Canal Latéral à la Garonne est bordé de plantations sur la quasi-totalité de leur linéaire. Plantés vers 1856 lors de la phase finale de construction du canal, ce sont plus de cent mille arbres (alignements et bandes boisées) qui composent ce patrimoine végétal, avec des essences variées : les platanes sont les plus représentés avec 25-30% des plantations, mais on y retrouve également des érables, frênes, chênes ou trembles, peupliers, marronniers… Ces arbres participent largement au charme actuel du canal latéral à la Garonne. L’utilisation prédominante du platane dans les programmes de plantation du canal a eu plusieurs raisons. Le platane est un arbre robuste qui pousse assez rapidement et n’exige que peu de soin. Son ombrage permet de limiter l’évaporation de l’eau sur la superficie de l’ouvrage et protégeait des ardeurs du soleil les utilisateurs du canal. Mais l’une des fonctions principales des arbres consiste à tenir les berges. Le canal latéral à la Garonne est pour l’instant épargné par le chancre coloré qui décime une partie des platanes du canal du midi. Tant mieux pour ces arbres plus que centenaires sans lesquels le canal n’aurait pas un tel cachet.
Sources : La Moyenne Garonne (Agenais-Bas-Quercy)de Pierre Deffontaines ; Le Festin, Le Lot-et-Garonne en 101 monuments ; Wikipédia