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Les enjeux paysagers liés à la forêt

L’arbre est partout présent dans les paysages de Lot-et-Garonne. De nombreux bois prennent place sur les affleurements calcaires et les versants pentus des vallées, tandis que quelques bosquets sont souvent présents sur les hauteurs. Les boisements progressent à mesure que l’agriculture délaisse des prairies pentues ou trop humides. Dans les vallées les peupleraies cloisonnent les vues, dressant leur succession de troncs alignés. Dans le massif landais et la forêt de la Lémance, les clairières jouent un grand rôle en ouvrant des points de vue, ou en offrant une respiration autour des villages.

Animer les lisières

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Animer les lisières. Pindères
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***Les atouts

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- La perspective de la route à travers la forêt
- Le sous-bois dégagé entrevu depuis la lisière
- Des traversées forestières animées et variées
- Des arbres majestueux qui animent la lisière
- Des lisières irrégulières et variées
- Une transparence lumineuse donnant de la profondeur
- Des carrefours forestiers bien lisibles et dégagés
- Des lieux accueillants pour s’arrêter le long des routes forestières
- Un réseau de chemin qui permet de découvrir la forêt
- Le chemin de randonnée qui emprunte une piste forestière ombragée
- Le chemin en lisière de forêt dominant les prés
- Un paysage qui se recompose au gré des coupes.
- La lumière et la profondeur du sous-bois après la coupe d’éclaircie
- L’apparition d’une flore colorée après la coupe

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***Les risques

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- Emprunter une route-couloir bordé d’une végétation qui forme un mur, sans respiration sur des kilomètres.
- Suivre la route ou le chemin entre deux lisières monotones sans repère et sans rythme.
- Généraliser les clôtures le long de la route.
- Longer une lisière impénétrable dont les premiers mètres de fourrés masquent de belles ambiances de sous-bois.
- Traverser la forêt sans en percevoir la variété de ces ambiances spécifiques : futaie jardinée, sous-bois divers, affleurement d’eau, allée et perspective, rivière…
- Laisser la friche progresser le long des lisières et réduire ainsi les clairières.
- Tracer une piste forestière sans y relier les anciens chemins.
- Rendre impraticables les chemins suite au débardage des grumes.
- Couper tous les arbres âgés sans penser à leur attrait et leur rôle de repère.
- Oublier de moduler les lisières au moment de l’exploitation, surtout en bordure de routes ou de chemins.

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Animer les lisières. Bloc-diagramme

**Animer les lisières et révéler les petits événements le long des voies

Les routes et les chemins sont les premiers vecteurs de découverte du territoire forestier. Lors des traversées forestières, l’horizon se limite souvent à la perception de la lisière. Le soin apporté à sa gestion prend donc une grande importance pour favoriser la fréquentation du massif. Maintenir une bande enherbée non plantée le long de la route donne un recul visuel et réduit le caractère oppressant d’une lisière sombre. Un carrefour, une aire d’arrêt, un croisement de chemin, un arbre remarquable, une vue sur la vallée, un bloc de roche, ou bien le franchissement d’un ruisseau, sont autant de petits événements pouvant être valorisés par une éclaircie ou une coupe ponctuelle. Cela crée une respiration et incite à un arrêt. Ainsi la diversité du paysage forestier apparaît, dont les traversées pourraient sinon se résumer à un couloir opaque monotone.

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Animer les lisières et révéler les petits événements le long des voies

Pistes d’actions envisageables
- Conserver une bande non plantée entre la route et les premiers arbres.
- Limiter la présence de clôtures trop près de la route.
- Faire attention à l’aménagement des aires d’arrêts en lisière.
- Abattre quelques arbres pour mettre en valeur des petits événements.
- Conserver et mettre en valeur quelques arbres remarquables en bordure des routes et des chemins.
- Prévoir une gestion différenciée de la lisière, au moins par places : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs pour favoriser la perméabilité visuelle des lisières.
- Varier les essences sur les premiers rangs.
- Éviter la gestion homogène d’un long linéaire en bordure de route ou de chemin.
- Dégager les abords des rivières, des canaux et des ponts, ainsi que certains fonds de vallons.

**Atténuer l’impact visuel des coupes

Dans le cas de l’exploitation d’un versant, il est important de réfléchir à son impact dans le paysage. Sur les versants exposés aux regards, une adaptation des surfaces des parcelles à exploiter s’impose. Les coupes aux formes étirées dans le sens de la vallée ont tendance à être plus harmonieuses.
Dans un paysage plus plat c’est surtout le travail sur le premier plan qui va être important. Après des coupes à blanc, les parcelles replantées créent des lisières linéaires homogènes, souvent monotones. Les jeunes peuplements, qu’il s’agisse de feuillus ou de résineux, créent des fourrés impénétrables et peu attractifs. Un traitement spécifique des premières rangées de plantation, avec des densités de plantation plus faibles, un mélange d’essences, une éclaircie et un élagage plus suivi, permet d’éviter la constitution d’un mur végétal obstruant toute vue depuis les routes. Il est intéressant également de préserver des arbres ou des bosquets lors de la coupe afin d’amoindrir son impact visuel et de créer une diversité d’essences et d’âges pouvant être mises en scène.

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Atténuer l’impact visuel des coupes

Pistes d’actions envisageables
- Éviter la coupe rase et le renouvellement simultané d’une longue parcelle.
- Sur les versants, ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention dont les limites épousent les formes des versants.
- Préserver des sujets âgés et des bosquets au moment de l’exploitation, notamment le long des routes et des chemins.
- Favoriser la diversité végétale en permettant une régénération de quelques sujets autres que ceux cultivés dans les parcelles en monoculture.
- Eviter les andains trop importants qui ne se résorbent pas rapidement.
- Privilégier le broyage des rémanents à proximité des lieux fréquentés.
- Eviter de planter uniquement des conifères en lisière.

**Mettre en valeur les carrefours forestiers

Dans les massifs forestiers importants, les traversées forestières peuvent être animées par la mise en valeur des carrefours, qu’il s’agisse de simples croisements, d’entrée de pistes forestières ou de grands carrefours. Cette mise en valeur passe par le dégagement de beaux arbres et par une ouverture du paysage créant une clairière au niveau du carrefour. Cela rejoint également des préoccupations de sécurité routière de lisibilité des carrefours. Les carrefours forestiers peuvent également constituer des points d’accroche pour démarrer une découverte douce du massif.

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Mettre en valeur les carrefours forestiers

Pistes d’actions envisageables
- Moduler les lisières forestières et mettre en valeur les carrefours.
- Dégager une clairière autour du carrefour.
- Planter et mettre en valeur un ou plusieurs arbres remarquables, signalant l’intersection.
- Planter une ligne d’arbres formant la lisière autour du grand carrefour en étoile.
- Prévoir des aires d’arrêts à proximité des carrefours.

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Valoriser le paysage forestier

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Valoriser le paysage forestier. Casteljaloux
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***Les atouts

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- Des chemins donnant accès au massif forestier
- Des carrefours repères bien mis en valeur
- Des arbres repères au croisement
- Des lieux où on peut s’arrêter pour partir marcher dans la forêt
- Des respirations dans les boisements avec les ouvertures des clairières
- De beaux alignements de chênes le long de petites routes
- Des perspectives qui donnent à voir la profondeur de la forêt
- Des arbres conservés lors de la coupe pour animer les parcelles exploitées
- Le regard qui passe dans le sous-bois donnant une profondeur aux vues
- Un sous-bois aux ambiances variées
- Une forêt jardinée
- Des terrasses bordées de murets encore bien visibles sous les arbres
- L’eau entrevue sous la végétation
- Un petit ru qui jaillit de la roche
- La ripisylve feuillue qui marque le passage de l’eau dans la pinède

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***Les risques

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- Fermer toutes vues par des lisères trop touffues.
- Exploiter par des coupes à blanc sans conserver quelques arbres.
- Gérer partout la forêt comme une monoculture.
- Favoriser une gestion monotone et rectiligne des boisements et des chemins.
- Oublier de donner des repères stables pour se repérer (carrefours, arbres repères).
- Côtoyer l’eau sans la voir.
- Ignorer la présence de l’eau dans la gestion forestière.
- Rouler sans pouvoir s’arrêter pour se promener.
- Perdre le patrimoine des murets des terrasses, témoin d’une agriculture.
- Laisser la végétation recouvrir les affleurements rocheux des versants.
- Négliger la création de belvédère si important dans un univers fermé (point haut, tour de vision/observatoire).

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Valoriser le paysage forestier. Bloc-diagramme

**Révéler les nuances du paysage forestier

La forte présence de l’arbre a tendance à uniformiser les vues. Elle masque également bons nombres d’éléments attractifs du paysage. Les nombreux événements qui animent les parcours méritent d’être mis en valeur : franchissement d’un cours d’eau, entrée dans une clairière, point de vue sur la vallée ou le village, traversée de vallons, point d’arrêt… L’arbre peut aussi par sa présence animer la forêt : arbres âgés isolés ou bordant une parcelle exploitée, ou encore arbre remarquable ponctuant le parcours. Dans la forêt landaise, l’eau (marais, étang, craste, cours d’eau) apporte un contrepoint attractif à mettre en valeur. Dans ces paysages à dominante plate, parfois monotones, elle constitue un support de promenade à valoriser. Dans le Val Lémance la forêt a recouvert d’anciennes terrasses bordées de murs, des affleurements rocheux ou encore de petits ruisseaux. Toute occasion de côtoyer ou de rendre visible ces éléments constitue un enjeu à ne pas négliger.

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Révéler les nuances du paysage forestier

Pistes d’actions envisageables
- Donner accès à l’eau. Créer ou conforter des cheminements le long de l’eau à travers la forêt.
- Maintenir une distance suffisante entre la pinède cultivée et la ripisylve.
- Rouvrir par endroits la végétation pour rendre visible l’eau depuis les chemins et les routes.
- Soigner les passages au-dessus des ruisseaux. Dégager la végétation pour voir l’eau depuis les ponts.
- Mettre en valeur les terrasses et les murets, entretenir avec le pâturage.
- Dégager la végétation pour mettre en valeur les affleurements rocheux.
- imaginer de nouvelles formes d’agroforesterie.

**Développer les accès au massif

Dans un département dévoué majoritairement à la polyculture, les forêts constituent par contraste des lieux à l’imaginaire bien différent par leur tonalité intime, fermée, parfois mystérieuse. Les voies vertes, les routes et les chemins qui la traversent constituent les vecteurs d’une fréquentation potentielle. Ils constituent des ouvertures formant des perspectives qui animent le massif. L’amélioration des aménagements des accès et des aires de stationnement doit prendre en compte l’ambiance particulière de ces paysages forestiers. L’intérêt est de favoriser l’accessibilité au massif en le mettant en valeur d’un point de vue paysager.

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Développer les accès au massif

Pistes d’actions envisageables
- Développer un réseau de chemins attractifs autour des villages et à travers la forêt.
- Implanter des cheminements le long de l’eau.
- Planter et mettre en valeur un ou plusieurs arbres remarquables, signalant l’intersection.
- Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêts).
- Mettre en valeur les petites routes (lisière, arrêt, connexion à des chemins).
- Eviter les clôtures venant directement au contact des routes.
- Limiter l’artificialisation des surfaces de stationnement, rechercher une sobriété dans les aménagements.

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Concilier peupleraies et paysage

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Concilier peupleraies et paysage. Marmande
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***Les atouts

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- Des plantations entretenues qui donnent une image dynamique
- Des peupleraies « transparentes » qui laissent passer le regard
- Un sous-bois clair, rythmé par les troncs rectilignes
- Des interruptions dans les plantations d’arbres laissant des respirations
- Des rotations d’exploitation relativement rapides qui ne figent pas indéfiniment le paysage

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***Les risques

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- Brouiller la perception des repères majeurs (confluence, coteaux, villages belvédères) par des peupleraies mal placées.
- Masquer des sites remarquables, le fleuve et les ponts.
- Cerner les villages et les bourgs par des peupleraies trop proches.
- Couper les vues et les accès au cours d’eau.
- Recouvrir largement le fond de la vallée, unifiant ainsi le paysage.
- Cloisonner les fonds de vallées.
- Laisser les lisières s’enfricher.
- Créer des écrans trop importants qui uniformisent le paysage
- Planter des parcelles sur de longs linéaires en bord de route.

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Concilier peupleraies et paysage. Bloc-diagramme

**Adapter le développement des peupleraies vis-à-vis de l’échelle de la vallée

Les peupleraies sont devenues un élément habituel du paysage des vallées. Leur impact paysager peut toutefois être important compte tenu de la forte hauteur des arbres et de l’étendue des parcelles plantées. Il est donc important de réfléchir à leur effet vis-à-vis de l’échelle de la vallée et de ses composantes essentielles des vallées : la rivière ou du fleuve, les confluences, les points de vue depuis les coteaux. Leur répartition, leur rythme ou encore leur étendue sont à évaluer pour maintenir un certain équilibre global.

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Réfléchir le développement des peupleraies vis-à-vis de l’échelle de la vallée

Pistes d’actions envisageables
- Evaluer l’impact paysager des peupleraies vis-à-vis de l’échelle du vallon ou de la vallée.
- Fractionner les peupleraies pour éviter les effets d’écran continu.
- Eviter de couvrir la totalité d’un fond de vallée sur plusieurs centaines de mètres.
- Conserver des fenêtres sur les cours d’eau.
- Instaurer une distance minimale par rapport au bâti.
- imaginer de nouvelles formes d’agroforesterie.

**Éloigner les peupleraies de certains sites sensibles

Plus localement les peupleraies peuvent avoir un effet de d’écran qui occulte la perception d’un certain nombre de sites remarquables, emblématiques, ou la visibilité des cours d’eau du département. L’enjeu ici est de concilier la force évocatrice des sites et la présence du peuplier afin de ne pas banaliser les atouts du paysage de Lot-et-Garonne.

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Éloigner les peupleraies de certains sites sensibles

Pistes d’actions envisageables
- Préserver une distance minimale par rapport aux bourgs de vallée.
- Ne pas planter dans certains sites sensibles : confluences, villages belvédères
- Maintenir les vues sur les villages et les bourgs en belvédère ou le long des cours d’eau.
- Eviter de planter le long des routes comportant des alignements de platanes « cathédrales ». Il en est de même pour le canal latéral.
- Dégager les abords des ponts. Maintenir une distance par rapport aux ouvrages.

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Forêt et paysage- Repères bibliographiques

***Guide

- Cahier de recommandations paysagères- CRPF Limousin

***Plaquettes

- La prise en compte du paysage en gestion forestière - CNPF
- Votre forêt dans le paysage, fiche paysage
- Réaliser une coupe rase sur versant, fiche paysage
- Réaliser la première éclaircie, fiche paysage
- Choix et répartition des essences pour un projet de reboisement, fiche paysage
- Traiter une lisière de peuplement résineux, fiche paysage
- Traiter un élément particulier du paysage, fiche paysage