Contenu

La peupleraie s’est imposée dans les vallées

Une extension rapide des surfaces

JPEG - 1.6 Mo
Evolution des peupleraies entre 1942 et 2012, en amont de Marmande

L’essor de la populiculture dans le Lot-et-Garonne date des années 1950-60. Les premières peupleraies prennent place sur les terres les plus humides de la vallée de Garonne qui inondaient trop souvent, ce qui compromettaient les récoltes des cultures en place. La vallée de Garonne fait alors figure de précurseur en Aquitaine, les autres départements suivant cet essor du peuplier avec 10-20 ans de décalage. On peut penser que les nombreux contacts avec l’Italie (nombreux immigrés italiens dans le département) ont certainement favorisé cet essor, car la populiculture était déjà développée en Italie à cette époque dans les grandes vallées alluviales.

JPEG - 581.9 ko
Plantations de peupliers en bord de Garonne en 1958. Au premier plan les "ramiers" ou "bioulades" lignes espacées de peupliers sous lesquels le sol était occupé par la pâture ou du maïs. Juste derrière, une nouvelle peupleraie plantée en plein sur la parcelle avec cette fois des cultivars sélectionnés.
Vue prise en direction de Caumont-sur-Garonne. On aperçoit la forêt du Mas-d’Agenais en arrière-plan. Source : Atlas aérien de la France, 1958
JPEG - 1.1 Mo
Les peupleraies ont progressivement gagné une grande partie des terres aux abords de la Garonne.
Vue prise entre Marmande et Couthures-sur-Garonne. On aperçoit le hameau de Gaujac en arrière-plan

Dans les années 90, les peupleraies s’étendent sur de nouvelles surfaces au sein des grandes vallées ou dans des vallées secondaires, en raison notamment du départ en retraite de nombreux agriculteurs qui plantent alors du peuplier sur des terres à maïs. Ce phénomène est aujourd’hui devenu plus marginal.

Evolution des surfaces de peupleraies en Lot-et-Garonne
Année   1979    1989    2000    2009
Superficie en ha   3 700    4 200    6 100    9 200

Dans le département du Lot-et-Garonne, la populiculture a ainsi doublé de surface durant les deux dernières décennies. Celle-ci couvre près de 9 200 ha (source cadastre 2009), soit le tiers du massif populicole aquitain, le troisième de France, et donne près de 51 000 m3 de récolte annuelle dont 95% est transformé en déroulage. (Sources GIPA- CRPF Aquitaine)

**Les perspectives

Les perspectives actuelles et à moyen terme sont une la stabilité des superficies dans le département, au mieux à une très légère augmentation. A cela plusieurs raisons :
- Les terres les plus propices au peuplier sont déjà plantées.
- La descente de nappe de la Garonne remet en cause des terrains qui étaient de bons sols à peuplier, notamment en amont d’Agen. C’est d’ailleurs cette concurrence pour l’eau qui impose déjà un entretien très suivi de la végétation au sol.
- Les peupleraies sont en concurrence avec la culture du maïs. La décision de planter dépend des cours du maïs : si ceux-ci sont bons, il y a moins de plantation.
- La tendance est plutôt à rechercher une meilleure qualité de production pour augmenter la marge par arbre , par la recherche variétale notamment. (Sources GIPA- CRPF Aquitaine)

Dans le paysage la peupleraie brouille parfois le jeu

La plantation de 9200 ha de peupleraies a évidemment modifié les paysages du département. Le passage d’une prairie ou d’un champ de maïs à une peupleraie contribue à fermer ponctuellement les vues. Dans les paysages très ouverts de la vallée de Garonne, ce phénomène n’a dans la majorité des cas pas posé d’enjeux paysagers majeurs. Toutefois, la concentration des peupleraies dans la Garonne marmandaise a tout de même eu pour effet de masquer le fleuve, bien souvent entouré d’un épais rideau de peupleraies.
Quelques peupleraies implantées dans des situations très particulières ont des effets paysagers plus problématiques par leur effet d’écran. Il s’agit de celles qui sont implantées très près des villes et des ponts ou à proximité de lieux clefs comme les confluences, des débouchés de vallées, des points de vue ou la Garonne est masquée.
Dans les vallées secondaires l’impact des plantations est souvent plus radical, car la peupleraie par sa hauteur a vite fait de compartimenter le paysage, ce qui contribue à brouiller la lisibilité de la vallée, voire dans certains cas à la boucher.

JPEG - 1.1 Mo
Confluence du Lot et de la Garonne. Dans ce site symbolique du département, la place du peuplier doit être dosée finement pour ne pas masquer la confluence et le canalet
JPEG - 1.3 Mo
Dans les petites vallées, l’impact des peupleraies est parfois radical, fermant complètement la lecture du relief.
Vue sur la vallée de la Masse, en amont du lac de Néguenou. Au premier plan le hameau de St-Denis. Commune de Madaillan