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Peupleraies de Lot-et-Garonne

Du peuplier aux cultivars

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Jeune peupleraie en vallée de Garonne. Meilhan-sur-Garonne

La présence du peuplier est traditionnelle dans les plaines alluviales de l’Aquitaine. Jadis, les peupliers étaient cantonnés aux bords des étangs et des berges. Leur bois, léger et tendre, servait à tout. Il était utilisé pour la fabrication de sabots, de caisses d’emballage, il convenait aussi pour la literie, les menuiseries intérieures ou les fonds de meubles. Comme en atteste l’habitat rural ancien, le peuplier fournissait parfois des pièces de charpente, bien qu’il soit sensible à l’eau.
Le XVIIIème siècle voit l’importation de peupliers américains, et par la suite le développement d’hybrides avec les peupliers noirs européens. Dans un premier temps, il s’agit surtout d’alignements installés en bordure des prairies, des cultures mais aussi des fossés, chemins… La culture en plein du peuplier est sans doute restée très peu pratiquée jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle. Elle ne pourra en fait se développer que lorsque l’abandon des prairies devenues non rentables permettra une substitution complète de la populiculture à l’agriculture. On voit alors se réaliser des plantations dont le nombre va s’accroître de façon importante en Lot-et-Garonne à partir des années 1950-1960.
Ce sont alors des peupliers hybrides (cultivars) issus de croisements intraspécifiques ou interspécifiques entre Populus nigra, Populus deltoïdes ou Populus trichocarpa.

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Les peupleraies du bord de Garonne se sont développées sur d’anciennes prairies inondables, notamment en bord de fleuve. Couthures-sur-Garonne

La réalisation de plantations à larges espacements permet d’obtenir du bois d’œuvre à partir de chaque arbre planté. Taillé haut et planté à intervalles réguliers (sept mètres sur sept), il produit un bois d’œuvre que l’on déroule à sec pour en faire des cagettes et du contreplaqué.
Les performances en production des peupliers permettent aux populiculteurs du Lot-et-Garonne d’exploiter les peupleraies entre 12 et 18 ans. C’est ainsi une des rares essences qu’un même propriétaire peut planter et récolter plusieurs fois dans son existence.

Une forêt de vallées

Avec environ 9 200 ha de peupleraies (source cadastre 2009), le Lot-et-Garonne est réputé pour l’excellence de ses productions populicoles. Cette essence à bois tendre a des exigences physiologiques (en eau et nutriments) qui ne lui permettent pas de se développer sur n’importe quel terrain forestier. Ces peuplements se situent essentiellement en plaine alluviale où les sols assurent une bonne alimentation en eau. En fonction de la qualité des sols et avec certains cultivars, quelques plantations peuvent aussi être réalisées hors des vallées.

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Carte des peupleraies de Lot-et-Garonne. Source IFN

En raison de ses exigences, le peuplier occupe principalement la Vallée de Garonne. Dans la plaine de Garonne en aval d’Aiguillon, la vallée a été colonisée par les peupleraies implantées le long du fleuve et jusqu’aux pieds des coteaux. D’autres colonisent les rives du Lot, du Dropt et de l’Avance, voire l’orée de la grande forêt de pins entre Landes et Garonne.

Une rotation de plus en plus rapide

On a aujourd’hui environ un tiers des surfaces qui sont en peupleraies de première génération et deux tiers qui sont à la 2ème ou 3ème génération de peupleraie.
Dans les très bons sols de la vallée de la Garonne on récolte entre 12-15 ans. Dans les sols un peu moins bons (vallées de l’Avance, du Dropt) on récolte à 15-18 ans.
Le raccourcissement des rotations est dû à la crainte des dégâts de tempête qui incite à récolter plus vite (Après les tempêtes les « vielles » peupleraies de 30 ans et plus ont toutes été récoltées), mais aussi à la demande des industriels qui souhaitent un bois plus jeune, dont la couleur est plus claire.
Avec ce raccourcissement des rotations la peupleraie s’apparente de plus en plus à une culture. Son cycle s’inscrit dans une rotation ou la peupleraie peut être suivie par quelques années de culture de maïs. La décision de replanter en peuplier dépendant alors de la fluctuation des cours du maïs.

Des plantations graphiques

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Des plantations aux effets grahiques parfois surprenant. Poussignac

Il faut reconnaître aux peupleraies une puissance graphique inégalée. Ce ligneux planté en ligne forme des rangs espacés de 7 m en moyenne. Le rythme des troncs argentés, soigneusement élagués, forme une succession de fûts verticaux évoquant à l’âge adulte une colonnade supportant la voûte végétale. Cet arbre élancé au feuillage clair laisse de plus passer une lumière qui contribue à l’ambiance particulière des peupleraies.
L’entretien soigné du couvert herbacé du sol laisse l’impression d’un espace très maîtrisé, bien loin de l’univers forestier classique.
(Sources : Données GIPA (groupe interprofessionnel du peuplier d’Aquitaine), Des peupliers et des hommes Par Gilles Dusouchet, Le Festin N°70, 2009, Inventaire forestier départemental Lot-et-Garonne, 2000.)