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L’intensification agricole et la raréfaction de l’arbre dans les champs
L’agrandissement parcellaire et l’extension des cultures
Jusqu’aux années 1950, le parcellaire agricole est très lanièré, forme liée à une traction encore animale. Les parcelles sont petites, rares sont celles qui dépassent un hectare. Le territoire est extrêmement mis en valeur, y compris les parelles pentues. La mécanisation de l’après-guerre a provoqué un réaménagement foncier qui a transformé radicalement le parcellaire. Les parcelles se sont agrandies pour permettre une optimisation du travail mécanisé. Les parcelles d’un hectare deviennent rares, quelques parcelles de 10 ha et plus apparaissent. Pour autant le parcellaire agricole garde encore une grande diversité, liée à la grande variété des productions.
De nos jours, les champs céréaliers recouvrent 60% de l’ensemble avec un gros tiers de céréales à paille, un petit tiers d’oléagineux -tournesol, colza- complétés d’un peu de pois, un petit tiers de maïs concentré dans les secteurs irrigables. (chiffres 2010)
Une agriculture irriguée : la retenue collinaire, la rampe d’irrigation
L’irrigation, traditionnelle dans les grandes vallées, s’est développée à partir des 1960 permettant d’intensifier et de sécuriser des productions dans les secteurs de collines où les rendements restaient jusque-là très aléatoires. Cette évolution agricole se voit dans le paysage par les retenues collinaires, les grandes rampes d’irrigation et les asperseurs. L’irrigation a favorisé également une diversification des cultures avec notamment l’implantation des cultures spécialisées à forte valeur ajoutée.
En Lot-et-Garonne la moitié des exploitations est équipée pour irriguer le tiers de la SAU départementale. L’irrigation y concerne une large gamme de productions végétales : maïs, vergers, légumes, semences,…
L’arbre s’est raréfié dans les cultures
Les fruitiers ponctuaient le parcellaire agricole encore dans les années 1950 poursuivant le système traditionnel des cances et des joualles.
« Le régime agricole actuel (en 1930) est marqué par une extrême polyculture. Le champ, image visible de ce régime, en est le témoignage ; il est divisé en plusieurs bandes de 6 à 7 mètres de large, bordées par des rangées de vignes, les joualles, elles-mêmes jalonnées de pruniers ; les espaces entre les vignes, cancés, tamarats ou taupels, sont occupés par des cultures qui varient dans chaque bande : céréales, maïs, fourrage et, dans ces cultures, sont installées des plantes intercalaires : artichauts, haricots grimpant autour des tiges de maïs, citrouilles ou fèves dans les blés. Les champs sont de véritables fouillis : quatre étages de végétation se trouvent assemblés ; sur les bordures, de hautes clôtures d’arbres bocagers les enserrent : étrange mélange qui rappelle de loin les cultures d’huertas et témoignent de l’intense luminosité. » (source : La Moyenne Garonne, Pierre Deffontaines, 1932)
La production fruitière se conjuguait avec celle du sol pour augmenter les revenus paysans. Mais ce système (qui préfigurait l’agroforesterie remise à l’honneur aujourd’hui) n’a pas survécu à la mécanisation. Les fruitiers ont disparus des champs, la production se concentrant sur quelques parcelles spécifiquement fruitières, de plus grande superficie.
Globalement la place de l’arbre (isolé, fruitiers, haies) s’est amenuisée au gré des mutations agricoles. L’agrandissement parcellaire s’est accompagné d’une simplification de la trame arborée, qui a par endroits totalement disparue. L’irrigation et la mécanisation s’accompagnent difficilement de la présence arborée.